Paris comestible?

Jardin

Paris comestible?

Ballade parisienne

Au détour d’une promenade parisienne qui guida mes pas vers un carré de pelouse ensoleillé et calme, je suis allée au square Bela Bartok dans le 15ème arrondissement.

Paresseusement allongée dans le gazon vert vif, je m’adonne à la lecture quand mon œil est soudain attiré par le détail des feuillages des massifs qui m’entourent. De prime abord, je ne voyais que des massifs fleuris traditionnels, comme on en voit tant, et qui, à mes yeux, revêtent souvent un aspect artificiel ou du moins trop criard (floraisons soutenues, abondantes, manquant de finesse). Mais là, en y regardant de plus près, surprise! Il y a des plantes comestibles!

Je repère ici les grandes feuilles de pieds de courgettes, là des artichauts… Intriguée par ces plantations insolites, je commence mon enquête jardinière.

Vue d’ensemble des massifs

Des massifs à croquer

Mon exploration commencée, j’accumule les végétaux consommables.

Des fenouils croissent aux côtés de haricots d’Espagne (Phaseolus coccineus), dont les jeunes gousses sont comestibles, des céleris prennent jouxtent un pied de sauge officinale pourpre, les désormais « classiques » bettes à cotes rouges pointent fièrement leurs feuilles vers les cieux, tandis qu’une ciboulette en fleurs ponctuent de ses boules rosées le vert de l’ensemble, accompagnée des fleurs blanches d’un coriandre.

Vue d’un massif

Les fleurs qui se mangent ne sont pas en reste, on trouve des soucis, de la phacélie (dont la fleur à un goût d’huître), les fleurs des courgettes (frites et fourrées à la ricotta comme en Italie c’est un délice).

Le bombé de l’espace est souligné par de luxuriants massifs partiellement comestibles

Des plantes fleuries compagnes des potagers prospèrent aussi, les tagètes à fleurs simples répondent au jaune des soucis (leur odeur éloignent les insectes indésirables), de gracieux cosmos magenta s’agitent au vent (ce sont d’excellentes mellifères), les clochettes étoilées blanches de fleurs de tabac dominent de froufroutantes fleurs de centaurées bleues…

En proue du massif : un généreux pied de courgette

Le tout se marie harmonieusement, démontrant qu’un jardin qui se mange peut aussi revêtir un aspect esthétique non négligeable.

Une entrée qui donne le ton

L’entrée du square donne aussi le ton, car un grand massif le long de la route contient des nombreuses plantes aromatiques et médicinales.

Derrière une bordure chatoyante de graminées à pointe rouge (Imperata cylindrica ‘Red Baron’) se trouve des coussins de mélisse et de sauge officinale.

Un fenouil à feuillage bronze (Foeniculum vulagre ‘Giant bronze’) pointe sa silhouette altière en compagnie d’une touffe grisée d’armoise.

Un pied de verveine citronnelle croît le long du grillage où un plant de houblon part à l’assaut du métal.

Les fleurs de la rue,  jaune doré, contrastent avec sa robe bleu-grise.

Une ville à croquer?

Ce qui est amusant, c’est que le promeneur non averti ne verra, comme je l’ai fait de prime abord, probablement que de simples massifs de fleurs. Mais le curieux avisés pourra venir faire son marché, si les jardiniers de la ville ne se sont pas servis avant!

Il est aussi drôle de noter, qu’à quelques mètres de là à peine, sur le trottoir d’en face, des jardinières sont cultivées, probablement, par les Incroyables comestibles: mais, une fois n’est pas coutume, les jardiniers de la ville de Paris ont pris les devants dans leurs espaces, en se gardant cependant bien de préciser au flâneur qu’il y avait des légumes mangeables dans les massifs!

1 commentaire
  • Morel-Chevillet Guillaume
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    Très bel article qui donne envie de croquer l’espace public.. et qui surtout me conforte sur le fait que la filière pro du paysage et de l’horticulture est face à un vrai bouleversement à venir !

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