Jardin en cours # épisode 08
Abattre pour mieux (re)planter
Après plusieurs mois de nettoyage, j’en suis arrivée à une nouvelle étape, celle du « gros » ménage.
En l’occurrence, il s’agissait d’abattre certains vieux fruitiers, malades, creux, pourris et envahis par du lierre, du rosier sauvage et des ronces, ainsi que d’autres arbres jugés inintéressants.
En effet, je souhaite, autant que possible, avoir dans le jardin des végétaux permaculturels, au sens du principe permacole suivant « un élément doit remplir plusieurs fonctions ». A mes yeux, dans le cas du végétal, il s’agit d’avoir une plante « couteau-suisse », par exemple esthétique et comestible, ou esthétique et médicinale, ou mellifère, ou favorable à l’avifaune (la plante peut évidemment cumuler les qualités!).
Dans les arbres qui étaient présents et qui ont été enlevés, en dehors de pruniers sénescents, il y avait un érable qui poussait au pied d’un mur, vers l’Ouest, et occultait une partie de la lumière dans une zone déjà ombrée.
A 1m50 de lui, un jeune chêne poussait en se contorsionnant sous la ramure du noyer voisin. J’ai eu un grand dilemme quant à sa conservation ou non : un chêne met un temps très long à croître, les glands peuvent être utilisés (après moult rinçages pour en évacuer les tanins) en cuisine… Cependant celui-ci était condamné à végéter en raison de ses voisins, et un arbre d’une dimension future si imposante n’avait pas sa place à cet emplacement. J’ai donc décidé après dialogue avec ma conscience, de l’enlever.
Une cépée de cerisier d’ornement, a elle aussi été tronçonnée, avec, non loin d’elle, un cerisier aigre (faisant partie d’un groupe de 3 cerisiers, plantés fort proche les uns des autres).
Aussi bizarre que cela puisse paraître, il faut parfois, pour pouvoir planter un jardin, couper certains sujets : on peut être paysagiste et décider d’abattre des arbres…
N’étant nullement apte à manipuler une tronçonneuse, je fus aidée dans ces travaux. Les branches issues de ces abattages ont été regroupées en vue de leur broyage ultérieur, tandis que les sections de troncs serviront peut-être d’assise, de bois de chauffage, de bois pour des buttes de culture, ou encore de pouponnière à champignons, de clôture…
Lire l’espace
Les abattages ont permis d’aider à voir l’espace disponible au jardin, mais les tas de « déchets » verts encombraient encore la lecture du site.
L’étape qui a suivi a été l’intervention d’une entreprise de paysage qualifiée, Jacquin Eden Services, qui se situe à Doue, dans un hameau à 2km du jardin. L’entreprise est venue avec un broyeur professionnel pour déchiqueter tous les branchages qui pouvaient l’être, évacuer les déchets verts qui ne pouvaient malheureusement pas faire l’objet d’un broyage (les loniceras…) et arracher les souches de ces maudits Lonicera nitida.
L’intervention s’est déroulée sur deux jours.
La première journée, le broyage et l’évacuation hors du terrain des tas ont été effectués.
Le second jour, le matin, sous une pluie froide et bien présente, les souches ont été arrachées, et les tas évacués sur une plateforme de compostage.
Le jardin, une fois ces monticules enlevés, est métamorphosé: l’espace se devine, on peut voir à présent les limites du terrain de chaque angle. Et se rendre compte que 830m² c’est grand!
Quelle joie d’en être arrivée là! Il reste bien sûr encore beaucoup à faire : arracher les ronces au fur et à mesure, réparer les murs, niveler, rabattre le laurier noble et… planter!
Préparer la suite – valoriser
J’ai été très surprise de voir que ces montagnes de branchages ne donnaient, une fois broyées, que deux tas relativement modestes. Moi qui imaginais avoir plein de broyat pour amender mon sol…
Le premier tas, composé de feuillus et de thuya, a été mis en place au droit du mur Ouest – le long duquel j’ai l’idée de nombreuses plantations – après un nivellement laborieux des trous engendrés par l’arrachage des souches.
Malgré la pluie de la veille, le sol, qui n’a pas reçu une once d’eau depuis plusieurs mois, était relativement ressuyé (le sol est, de plus, majoritairement sablonneux).
Les copeaux sont vite partis, la couche mise en place était très superficielle.
Une couche d’une épaisseur un peu plus importante a été mise en place sur une largeur d’1m le long du mur : futur emplacement de plantations fruitières. J’ai opté, même si ce n’est pas la bonne saison et que j’ai mis des copeaux, pour un semis de deux engrais verts: luzerne et trèfle (tous les deux des Fabacées, donc pourvoyeurs d’azote pour le sol).
L’autre tas de broyat reste encore à épandre, mais les engrais verts ont été semés à tous les endroits où l’arrachage des souches a bouleversé le sol, afin de le protéger.
J’ai constaté, avec cette mise à nu du sol, que sa nature différait légèrement sur le terrain, ce qui m’a permis d’établir un premier zonage de sol. Certaines portions sont plus humifères, tandis que d’autres (comme celle le long du mur Sud) sont pauvres (des bancs de sable pur ont été mis à jour lors de l’arrachage).
A suivre
L’entreprise doit revenir pour rabattre le laurier noble et broyer ses branches. J’ai hâte de voir à quoi ressemblera cette zone une fois le laurier abaissé! Il produit une ombre très intense à côté du tilleul, et par ailleurs, isole ce tronçon de mur du chemin communal. Son raccourcissement permettra, outre le fait d’apporter de la lumière au sol, de pouvoir accéder au mur pour le réparer (des rejets de laurier ont troué l’ouvrage).
Un premier travail de design pourra suivre, avec une lecture plus fine de la topographie, de l’ensoleillement… Et les premières plantations (des boutures qui attendent…) pourront être mises en œuvre.