Jardin en cours # épisode 15
Utiliser les ressources
J’avais gardé un certain nombre d’aubépines, au centre du jardin, sans savoir encore bien ce que j’allais en faire. Je n’avais pas envie de tout « ratiboiser », intuitivement, sans pouvoir donner une explication précise. Cela a soulevé des questions de la part des personnes qui m’ont aidé : pourquoi les gardé? A quoi cela va-t-il servir?
Certaines des aubépines m’ont paru dessiner des cheminements, c’est en partie pour cela que j’avais décidé de les conserver. Je visualisais des voûtes feuillées sous lesquelles avancer (quand d’autres ne voyait que des arbustes effilés et malingres).
Un autre argument en faveur de leur conservation était la potentialité de les greffer, comme je l’ai fait sur d’autres pieds.
Au-delà de ces différentes pistes, il faut reconnaître que maintenant que l’entreprise est intervenue pour procéder à l’arrachage des souches, et vu la difficulté/l’impossibilité de procéder au dessouchage à la main, je me devais de bâtir le jardin avec elles.
Quand soudain surgit une idée
Finalement, j’ai décidé d’essayer une ancienne technique pour valoriser mes aubépines, à savoir, les plesser.
Autrefois, on réalisait des haies très efficaces pour parquer le bétail en plessant les arbustes. Technique tombée en désuétude avec l’arrivée du fil de fer dans les campagnes et le remembrement…
La méthode n’est pas compliquée, il faut juste bien doser la coupe! Il s’agit de faire une entaille à la base de l’arbuste que l’on couchera/tressera par la suite. Cette entaille doit être suffisamment profonde pour pouvoir faire ployer la tige, mais pas trop non plus pour garder des tissus vivants conducteurs de sève.
Car l’idée n’est pas de détruire le végétal, mais de le conserver vivant! Et de créer une haie vive.
Il est vrai que je n’ai pas vraiment « besoin » de ces haies dans le terrain, mais je trouvais enthousiasmant de m’essayer à cette ancienne technique, de la partager et de voir ce que cela allait donner.
Mon plessage maison
A l’évidence, ma façon de faire n’a pas été des plus conventionnelles, ni dans les normes, mais elle résulte de ce que mon esprit à créer spontanément.
J’ai d’abord implanté des piquets en bambou, afin de m’en servir de guide pour le tressage.
Mes ligne d’aubépines sont loin d’être régulières, tant dans leur tracé que dans les éléments qui les constituent, puisque chaque pied a une taille différente.
Après le piquetage, il convient de fendre aux 3/4 les troncs pour les plier.
J’ai utilisé ma fidèle scie japonaise pour couper les troncs avant de les coucher, car je ne me « sentais » pas d’employer une serpe. On peut voir sur l’image ci-dessous que lorsque j’ai descendu les aubépines , certaines ce sont déchirées au-delà de la coupe. Je ne pense pas que cela affecte leur reprise, car elles semblent très résistantes (des pieds coupés au printemps derniers rejettent).
Par la suite, j’ai tressé chaque aubépine, telle une vannerie, en utilisant les piquets de bambou comme support.
Dans le cas des aubépines, il est nécessaire de s’équiper de gants TRÈS épais, car elles ont des épines acérées et nombreuses. Je me suis d’ailleurs blessée, une aiguille m’ayant entaillé le cuir chevelu (et oui, je n’avais pas de casque de chantier!).
Chemin faisant, certains piquets se sont avérés inutiles, et j’en ai repositionnés d’autres afin de mieux les adapter aux contraintes.
Un tracé non prémédité
Ces différentes lignes d’aubépines forment un dessin inédit, dû au hasard de leur germination et de leur conservation. Une forme plus organique que taillée au cordeau!
Je me suis aussi permis d’être très aventureuse dans le plessage de certaines d’entre elles, car j’ai fait faire plusieurs coudes à un même pied. Nous verrons comment elles réagiront par la suite!
Un projet à long terme
L’ensemble, pour le moment, ressemble davantage à des lignes de piquets et de branchages, j’en conviens. Mais je pense que dans le temps, cela peut donner quelque chose d’insolite.
J’ai hâte de voir les premières feuilles s’épanouirent (si les aubépines survivent à mes mauvais traitements!).
Il me faudrait peut-être par la suite retaillée les piquets de bambou, qui sont pour certains bien trop hauts, mais je me suis aussi dit qu’ils pourraient servir de perchoirs aux passereaux.
Dans le temps, avec la pousse des végétaux, je serai amenée à retresser entre les piquets chaque tige nouvelle, afin de les contenir dans le tracé.
L’avantage de ce système, c’est que la récolte des fleurs, aux propriétés médicinales, ce sera beaucoup plus facile d’accès!