Jardin en cours # épisode 13

Jardin en cours

Jardin en cours # épisode 13

Climat

Lorsque l’on envisage un projet de jardin, un autre facteur éminemment important, est de connaître les contraintes du climat dans lequel on s’implante.

Il peut paraître évident que l’on ne plantera pas les mêmes végétaux à Nice ou à Lille. Mais pourtant, on voit bien souvent des plantations « standardisées », qui sont d’une grande tristesse.

Mon jardin étant en Seine-et-Marne, nous bénéficions d’un climat océanique dégradé. Cependant, ce grand climat ne fait pas tout, sur l’espace réduit d’un jardin, il convient aussi d’en déterminer les micro-climats.

Micro-climats

Ceux-ci dépendent donc de conditions plus locales, liées à l’ensoleillement, au vent, aux ombres et au gel par exemple.

Tous ces éléments, additionnés les uns aux autres, forment un palimpseste qui va permettre d’implanter, par exemple, des plantes frileuses alors que l’on est au Nord de la Loire, au encore de hâter la production d’autres végétaux. Leur étude contribue à guider le jardinier dans son plan de plantation.

Ensoleillement

L’élément qui semble le plus facile à appréhender est l’ensoleillement dont bénéficie le terrain, localement.

Au tout début du printemps, avant que les arbres sortent leurs feuilles, l’ensoleillement est maximum au sol, pour tout le monde, sauf si l’on a des végétaux à feuillage persistant (houx par exemple). C’est à ce moment que l’on voit toutes les vivaces de printemps égayées les sous-bois de leurs floraisons (primevères, perce-neige, crocus, jonquille, jacinthe etc.).

Par la suite, lorsque les arbres sont en feuille, l’environnement se modifie, et les plantes de la strate herbacée disparaissent ou entrent en dormance.

D’autres éléments qui peuvent influer sur l’interception des rayons lumineux sont les constructions. Pensez à l’ombre portée d’une maison, ou d’un mur…

Dans mon jardin, les seuls éléments bâtis sont deux murs : ils offriront deux ambiances totalement différentes.

Pour la conception d’une forêt-jardin, dans l’hémisphère Nord, le facteur limitant est l’accès à la lumière, donc au soleil.

A l’inverse, au niveau de l’équateur et sous les tropiques, le facteur limitant devient le soleil, qui a tendance à « cuire » tout. Les travaux du permaculteur anglais Martin Crawford, compilés dans son livre « La forêt-jardin » permettent de connaître les tolérances d’un grand nombre de plantes en matière de lumière : c’est donc un excellent guide de conception à avoir sous la main.

Dans mon jardin, en l’état actuel, j’ai de forts contrastes en matière d’ensoleillement selon les zones, comme on le voit avec le plan ci-après.

Carte de l’ensoleillement au jardin

La zone au Nord, densément plantée d’arbres, est très pourvue en ombre : il faudra donc y installer des végétaux nécessitant peu de lumière.

Au centre, c’est la zone la plus dégagée : l’ensoleillement n’est pas un facteur limitant (mais d’autres éléments, comme la nature du sol pourront l’être).

En bas du terrain, et le long du mur Sud, la mi-ombre ou l’ombre (selon la saison) domine : des végétaux acceptant une ombre partielle pourront être installés.

Poches de froid, de gel

Observer son terrain par tous les temps, c’est aussi y aller lorsqu’il fait froid à pierre fendre! En effet, c’est bien lorsqu’il gèle que l’on peut voir, par une après-midi d’hiver ensoleillée, les endroits où cela a dégelé, et ceux où le gel subsiste. Même principe avec la neige. On peut ainsi voir les emplacements où le dégel s’opère plus vite, donc les emplacements plus favorables aux plantes frileuses.

Carte du gel

J’ai été faire mes observations en janvier, et j’ai pu constaté, qu’encore une fois, des contrastes se faisaient jour dans le jardin.

Une bande de 2-3m le long du mur Sud (mais face Nord) est une poche de gel : il ne part pas même lors d’une journée ensoleillée. Le mur Sud fait une ombre portée importante qui ne permet pas au soleil de venir réchauffer le sol : il conviendra de planter ici des végétaux peu frileux.

La bande de gel le long du mur Sud

Les pointes Nord et Sud-Ouest sont dans une sorte d’entre-deux : l’ombre portée des arbres occultent le soleil qui a dû mal à atteindre le sol uniformément, aussi certains points restent gelés.

Vue vers l’Est et une portion Nord : certaines zones ont dégelé, d’autres sont encore givrées

Au centre en revanche, et le long du mur Sud en particulier, le dégel est rapide. Rien ne fait obstacle au soleil, et le mur forme aussi une masse thermique favorable au dégel : des végétaux frileux pourront y être implantés favorablement.

Vue vers la pointe Sud : on voit l’importance de l’ombre portée du frêne. Le dégel est bien visible le long du mur, tandis que le reste du terrain est encore partiellement givré.
Adret et ubac sur le tas de broyats : le Nord est givré, le Sud dégelé
Le vent au jardin

Encore un autre facteur environnemental auquel il faut penser pour bien ancrer son jardin au territoire est de regarder les couloirs de vent.

Carte des zones sous le vent ou abritées

L’effet de bordure joue aussi à plein concernant la protection ou non au vent. Les zones protégées le sont par les murs (au Sud) et par les arbres (au Nord et au Sud). Le centre du jardin est aujourd’hui soumis au jeu du vent. Je pense que cet effet a été renforcé avec l’arrachage des Loniceras à l’Est, qui formaient, avec les aubépines, un paravent. Aujourd’hui, le vent peut passer, et c’est le ressenti que j’ai lorsque je suis sur le jardin. J’ai donc modifié, par mes choix, sans l’anticipé, le micro-climat local.

Le vent a plusieurs conséquences pour les plantations : certaines n’aiment pas y être exposées, d’autres le tolèrent. Le vent a aussi des effets desséchants, donc les végétaux nécessitants plus d’humidité ne devront pas y être trop exposés.

Additionner les observations

Suite à ces différentes observations, effectuées depuis plusieurs mois, je peux mieux appréhender le fonctionnement de mon site. Ces différentes couches d’informations vont me guider dans mes choix d’implantation des végétaux. Leur plantation suivra donc une logique liée au contexte local. Ce travail ne semble pas superflu, bien au contraire, il m’apparaît comme un garde-fou pour « faire bien » et surtout « faire avec ».

Ma pratique salariée m’a exposée à des parti-pris qui n’avaient pas de sens par rapport au lieu où l’on bâtissait le projet, c’est pourquoi j’y suis d’autant plus sensible aujourd’hui!


2 commentaires
  • Axel Ronsin
    Répondre

    Super article, Anaïs !
    Les photos et tes beaux plans illustrent parfaitement le propos.
    Keep up the good work 🙂
    Amicalement,
    Axel

    1. Anaïs Jeunehomme
      Répondre

      Merci Axel!

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