Jardin en cours # épisode 11
Observer encore
On suggère de faire la phase d’observation sur un an au moins (mais en vérité un jardinier la fait tout le temps!), afin de voir son terrain sous toutes les coutures : c’est-à-dire, à toutes les saisons, par tous les temps.
C’est pourquoi ces observations feront l’objet de plusieurs billets…
Observations : le nivellement général
Un autre élément existant qui a une influence sur le terrain est son nivellement : où est-ce que ça penche? Où sont les bosses, les trous, les pentes?
Connaître le nivellement permet de savoir vers où va cheminer la goutte d’eau lorsque le ciel aura la générosité de l’offrir. On se doute qu’un trou existant pourra facilement se transformer en flaque ou mare temporaire (si le sol le permet), tandis qu’une butte favorisera au contraire l’évacuation des eaux, et sera par exemple favorable aux végétaux qui ne supportent pas d’avoir les racines dans l’eau.
Observations : le nivellement en particulier
Ceci convient dans les grandes lignes. Mais lorsque l’on bâtit un jardin sur un sol extrêmement sableux comme le mien, il faut nuancer ces indications. Sur terrain sableux, donc drainant, la goutte d’eau va s’infiltrer rapidement plutôt que de suivre la pente. Et avant qu’elle dévale la pente chez moi, il faudra que le sol soit saturé en eau, ce qui n’arrivera pas de si tôt (ou que le sol soit imperméabilisé)!
Cependant, connaître le nivellement permet aussi de travailler en prenant en considération les courbes de niveau du terrain, pour faire avec. Mon jardin se situant sur le flanc Sud de la Butte de Doue, sa pente la plus importante est Nord-Sud. Sur l’image ci-après, on voit la situation du jardin (cercle bleu) et celle de la butte de Doue. Le jardin est à flanc de pente (les flèches indiquent les pentes de la butte).
Mais au-delà de ce contexte topographique particulier, des tendances sur le terrain se font jour, lorsque l’on précise les relevés, comme l’indique le plan ci-après.
On voit sur le plan qu’au-delà de la pente générale (en rouge) il y a aussi des « mini » pentes à certains endroits, ainsi que des « mini » buttes. J’ai essayé de dessiner dans les grandes lignes les courbes de niveau, tel que je les perçois sur site.
On note aussi des « points hauts » au niveau des arbres (tilleul, frêne, merisiers) : là aussi, cela semble logique, leurs racines ont retenu le sol autour du collet. Démonstration est ici faite des fonctions anti-érosion des arbres.
Sur le plan, ne figure pas les terriers de lapins, dans lesquels je me prends régulièrement les pieds si je ne regarde pas où j’avance… Mais ceux-là gagneraient à se faire oublier…!
Humidité du sol
Qui dit pente dit donc chemin de l’eau, comme nous l’avons vu au-dessus. Donc en « lisant » les pentes on peut également deviner où seront les points les plus humides du terrain. Avec le sol drainant que j’ai, cela sera moins probant que si je disposais d’un sol contenant beaucoup plus d’argile, néanmoins, cela « se sent ».
Sans surprise, le bas du terrain s’avère être le plus humide (selon mes observations faites sur site).
On notera cependant, que la partie haute n’est pas la plus sèche, ce qui peut paraître étonnant. Je l’explique par le fait qu’en haut, le couvert arboré soit important (tout comme en bas), tandis qu’au centre du jardin, mis à part le tilleul, il n’y a/avait que des arbustes malingres, aubépines, ronces, prunelliers et autres merisiers. Cet ensemble n’était pas suffisant pour apporter de l’humidité. En revanche, sous les grands arbres, il fait toujours plus frais, l’évapotranspiration est plus importante, donc l’ensemble est plus humide.
Un élément supplémentaire vient aussi de la quantité de feuillage : les arbres fournissent beaucoup de feuilles, donc potentiellement beaucoup de nourriture au sol, ce qui favorise la retenue de l’eau.
On notera sur le plan également, une zone plus humide à proximité du houx et du hêtre, comme évoqué dans un précédent billet.
Nivellement et eau : en lien étroit
En superposant les deux calques de l’eau et du nivellement, on voit la corrélation entre les deux :
- le bas de la « grande pente » est plus humide,
- le centre du jardin, plus sec, est parsemé de petites buttes
- la partie haute « entre-deux » en terme d’humidité reçoit quant à elle les eaux des parties au-dessus d’elle, et celles-ci sont captées par les végétaux
Certains éléments particuliers renforcent les effets, ainsi les murs Ouest et Sud, font office de retenue ou d’entonnoir (au niveau de la pointe) pour l’eau.
Pente et eau vont aussi avoir une influence sur la composition du sol, comme nous le verrons dans un prochain billet.