Une ville permaculturelle

Permaculture

Une ville permaculturelle

Depuis plusieurs jours, je travaille à la mise à jour de ma base de données sur les plantes que je m’étais constituée au cours de mes huit années de salariat. Et ce travail de sélection et d’amendement m’a amené à m’interroger sur ce que serait une ville permaculturelle.

Exercice déjà pratiqué lors d’échanges entre personnes sensibilisées à la permaculture, en groupe, mais jamais seule.

Aussi, je vais partager ici ma vision « 2018 » d’une ville permaculturelle.

Ville verte

Immanquablement, étant donné mon métier, une ville permaculturelle m’inspire des espaces publics complètement différents: on y trouverait des arbres qui donnent à manger, ou qui améliorent le sol, ou qui nourrissent les abeilles… Ces arbres seraient connus des habitants, dans le sens où en plus de savoir les identifier, les urbains seraient en mesure de savoir les usages que l’on peut faire de ces végétaux. Peut-être que cela serait même enseigné à l’école, qui de fait, aurait elle aussi évoluée.

J’imagine une ville plus verte, ce qui se traduit pour moi par une ville plus belle, et qui donnerait davantage envie d’y vivre, plutôt que de vouloir la fuir. On ne parlerait plus d’espaces verts mais de jardins. Ce changement lexical n’est pas anodin: un « espace vert » ne qualifie en rien les qualités dudit espace. Si certains espaces sont aujourd’hui « verts » qu’en est-il des autres? Ils sont… gris? Si j’en juge par ce que je vois par la fenêtre de cet appartement parisien, la ville est un espace gris, avec certes des nuances, mais dans une palette chromatique restreinte: gris, beige, crème avec quelques pointes de bleu, ou de vert (celui des poubelles municipales!).

Ainsi, « ma » ville permaculturelle serait jalonnée de jardins, les rues et avenues seraient contre-plantées d’arbres fruitiers et chacun pourrait s’y servir. Dans ces jardins on pourrait séjourner au soleil, ou bien encore venir chercher des herbes aromatiques pour sublimer une salade, ou cueillir quelque remède médicinal pour soigner un petit bobo. Car ces usages que nos anciens, vivant au contact de leur environnement, connaissaient, nous les avons aujourd’hui, pour la plupart, perdus. Pourtant, ils participent de l’autonomie de chacun, à se soigner, à se nourrir, indépendamment de ce qu’imposerait la société marchande.

Dans cette ville permaculturelle, on ne parlerait plus de mauvaises herbes, car toutes ces plantes cohabiteraient avec d’autres, et peut-être même qu’elles seraient cultivées: en effet, ce que l’on nomme communément « mauvaises herbes » ne sont  que des plantes adventices qui viennent soigner les cicatrices et plaies que nos pratiques culturales actuelles engendrent à la terre. Peut-être bien que dans cette ville permaculturelle, on cultivera même des massifs d’orties, à côté de parterres de pimprenelles ou d’autres herbes considérées aujourd’hui comme « mauvaises ».

Dans une ville actuelle où le monde qui nous entoure est jugé comme hostile car inconnu, on basculerait à une ville où la connaissance des personnes et du vivant serait la norme.

Si je connais les usages, les propriétés bénéfiques d’une plante, est-ce que cela ne m’amène pas à reconsidérer ma relation avec celle-ci? A partir du moment où je sais ce que me dit la présence de l’ortie dans mon jardin, que je connais les délicieux usages culinaires que je peux en faire, la faune qu’elle nourrit, est-ce que cela ne m’amène pas à faire évoluer mon regard sur cette plante, à la considérer sous un jour nouveau, et… à lui laisser une place? D’hostile plante piquante et urticante elle devient une plante à choyer.

Dans ma ville permaculturelle

Dans ma ville permaculturelle, il y aurait beaucoup plus de silence qu’aujourd’hui: les doubles voir triples vitrages n’auraient plus que l’utilité de bien isoler les bâtiments, et plus tellement celle de couper du bruit, à moins que le chant des oiseaux n’indispose certains habitants.

Dans ma ville permaculturelle, il y aurait des façades vertes, chacun cultiverait des plantes sur ses rebords de fenêtres, chacun aurait sa zone 1 à portée de main.

Dans ma ville permaculturelle, comme les voitures seraient plus rares, la physionomie des rues serait différente d’aujourd’hui: plus d’espaces perméables, moins de bitume, plus d’espaces à vivre, moins d’espaces à fonction unique.

Dans ma ville permaculturelle, les crues éventuelles de la Seine ne charrieraient pas une eau boueuse chargée de nos sols agricoles. Les crues seraient d’ailleurs reléguées aux images d’archive, image d’un temps où  l’on labourait les champs, désertifiant nos campagnes.

Dans ma ville permaculturelle, on connaîtrait ses voisin.e.s, on partagerait avec eux un composteur, des machines à laver, des chambres d’amis, des coups de main…

Dans ma ville permaculturelle, les gens auraient le sourire, car ils auraient du temps pour vivre et ne passeraient plus leur temps à travailler pour vivre.

Dans ma ville permaculturelle, je n’aurais pas peur de perdre ma santé en respirant l’air, en buvant l’eau, en mangeant des plantes cultivées sur place.

Dans ma ville permaculturelle, il n’y aurait plus de déchets, ce mot serait tombé en désuétude, on ne l’utiliserait que pour briller en société, ou pour battre sa grand-mère au scrabble!

Illusions?

Peut-être que ces quelques lignes ne sont que doux rêves d’une douce rêveuse, mais, pourquoi pas? Pourquoi serait-il impossible d’aller vers cela? Qu’est-ce qui nous en empêche? Nos gouvernements? Tout? Ou bien, nous?

En guise de conclusion optimiste, je souhaiterais rappeler ici cette phrase de Gandhi qui est un peu mon mantra personnel:

Soit le changement que tu souhaites voir en ce monde

Dans quelle ville souhaitez-vous vivre?

A mon humble mesure, je souhaite, par le biais de l’Atelier l’Embellie, participer à créer une ville plus souriante, vivante et riante: où chacun redeviendrait acteur de son quotidien et plus passif spectateur.

 

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