Un jardin comestible idéal pour Garden_Lab#07

Conception paysagère

Un jardin comestible idéal pour Garden_Lab#07

Garden_Lab#07 : le jardin comestible

Nouvelle collaboration avec Garden_Lab, pour son dernier numéro traitant du Jardin comestible. Nous étions plusieurs paysagistes concepteurs invités à imaginer notre jardin comestible idéal.

Pour ma part, si on me dit idéal, je pense forcément à un jardin en pleine terre!

Je suis partie dans l’idée d’un jardin citadin, avec une parcelle en longueur, ceinte de mur. Comment organiser cet espace pour en faire un lieu de vie chaleureux, habité et généreux? Quels végétaux mettre pour avoir un cadre agréable à regarder mais qui soit aussi bénéfique pour les propriétaires et les alliés du jardinier? A mes yeux, un jardin est un écrin, un petit écosystème, et en cela, il doit être conçu pour apporter bien-être à ses usagers et résidents nombreux et variés.

C’est ce à quoi je me suis attelée dans ma proposition!

Organiser l’espace

Dans cette parcelle tout en longueur, la maison prend place au Sud-Ouest : elle ouvre sur une terrasse dallée.
La terrasse permet de manger dehors dés les beaux jours, car son orientation et son revêtement de sol offrent un micro-climat favorable. Au-dessus de la terrasse, telle une joyeuse guirlande, une vigne galopent, suspendues à des fils fixés aux murs. Ce vélum naturel apporte de l’ombre en été, grâce à son feuillage, ainsi qu’à manger (récolte à l’automne)!

Le bassin, comprend différentes profondeurs, afin d’accueillir des végétaux variés : tandis que les nénuphars (plante tinctoriale, médicinale, aux rhizomes et graines comestibles) apprécient une immersion de 60 à 90 cm, plus haut, des reines des prés (Filipendula ulmaria, plante médicinale, tinctoriale, fleurs et feuilles aromatiques) et de la valériane officinale (Valeriana officinalis, plante mellifère, médicinale) prendront place en rive, en zone marécageuse.

Le bassin, positionné non loin de la maison, en articulation avec le jardin, permet de refléter les rayons hivernaux bas du soleil, pour les faire entrer dans la maison. Par ailleurs, son eau sert aussi de masse thermique favorable à la création d’un micro-climat pour les plantes frileuses (ou les humains!).

Les plantations du jardin se développent le long des murs, adoptant un contour sinueux. Les massifs exposés au Sud recevront des plantes nécessitant un bon ensoleillement, tandis que le long du mur Nord, les plantes choisies seront plus tolérantes à l’ombre.

Plan du jardin comestible idéal – Garden_Lab#07

Au fond du jardin, en figure de proue, un pommier étale son houppier, tandis qu’à ses côtés des arbustes aux floraisons intéressantes l’accompagnent (sureau, amélanchier, aronie). A leur ombre, une petite terrasse intime accueille un transat où paresser.

La pelouse vient lier l’ensemble et un axe en dalle la traverse, pour rendre accessible aisément le jardin.

L’ensemble des végétaux du jardin présentent plusieurs intérêts, en plus de leur beauté. Ce jardin permet de manger, mais aussi de se soigner, de nourrir le sol et les insectes… Ce parti-pris répond à un principe de permaculture : « un élément, plusieurs fonctions ».

Une terrasse à vivre

Entre les dalles, se nichent des plantations de plantes condimentaires. Leur position à proximité de la maison permet d’aller les cueillir facilement, et ce, même lorsqu’il fait mauvais temps, sans «crotter» ses chaussures. Ces plantes sont adaptées aux conditions chaudes et drainantes de l’emplacement.
La vigne sur une treille permet de gagner de la place dans ce petit jardin, de plus, les raisins sont faciles à récolter et le feuillage apporte une ombre bienvenue pendant les chaudes heures estivales.
A l’arrière d’un banc en pierre, le mur est exploité pour faire croître une autre grimpante fruitière, un kiwai. Le mur, exposé Sud, offre un micro-climat favorable à cette grimpante, chaleur (de la pierre) et ensoleillement favoriseront un bon mûrissement des fruits.
De part et d’autre du banc, dans les graviers, des plantes qui se ressèment spontanément prennent place, elles se déplacent au jardin au gré de la germination de leurs graines disséminées par les oiseaux ou le vent.

Une terrasse cultivée – Garden_Lab#07

A l’arrière du bassin, qui permet d’offrir fraîcheur en été et d’apporter les reflets des rayons bas hivernaux du soleil dans la maison, un massif se déploie. Plantes vivaces et arbustes prennent place, agrémentant de leurs floraisons la scène.

Le massif Sud est composé en premier plan d’un ensemble de vivaces aux floraisons attrayantes. En figure totem, préside un artichaut, dont on oublie trop souvent qu’il présente un beau feuillage grisé et d’énormes fleurs violettes, très attractives pour les insectes. Ses compères, échinacée, monarde, hélichryse, menthe des chats ou encore hysope ne sont pas en reste. L’étonnante et abondante floraison du faux-lupin explose à la fin du printemps, en une boule bleue azur.
Palissé sur le mur Sud, un fruitier, ici un poirier, prend place : les arbres palissés sont une bon compromis dans les espaces restreints, car ils offrent le plaisir de cultiver et consommer ses propres fruits, même dans des lieux contraints.

Chaque plante du jardin, en plus d’être esthétique, offre au jardinier plusieurs bienfaits. Les plantes médicinales et autres comestibles insolites sont nombreuses, tandis qu’il est possible de faire usage d’autres particularités moins connues. Ainsi, certaines plantes sont tinctoriales, d’autres utiles à l’équilibre de jardin en apportant de l’azote au sol (par le biais de bactéries symbiotiques fixées sur leurs racines), ou en étant répulsives de certaines insectes.

Diversité végétale dans les massifs – Garden_Lab#07

Il me semble que dans un jardin bien conçu, le concepteur se doit de penser à l’écosystème dans son ensemble, ainsi nombre de fleurs présentent un intérêt mellifère : elles sont donc de précieuses sources de nourritures pour les insectes auxiliaires et pollinisateurs.
Un jardin beau et bon, passe aussi par une vision plus holistique, inclusive de chaque être vivant qui le compose.

En allant vers le fond du jardin

Autant la partie à proximité de la maison est ensoleillée, lumineuse et chaude, autant la partie du fond du jardin est conçue pour apporter de la fraîcheur et de l’intimité aux occupants des lieux. Les vis-à-vis sont monnaie courante en milieu urbain : le végétal est un bon subterfuge pour s’isoler des regards indiscrets!

Des arbustes et arbres déploient leurs frondaisons pour apporter de l’ombre et une atmosphère plus humide. Le «bout du jardin» est construit en contraste de son début, l’ombre invitant à cheminer plus doucement.
Une allée dallée permet d’arpenter le jardin les pieds au sec, tout en évitant de piétiner le sol, ce qui lui serait néfaste. Des dalles sont également disposées de-ci de-la dans les massifs, comme des pas japonais pour ne pas marcher sur le sol.
Un pommier en forme libre sera le grand sujet du jardin : sa floraison rosée annonce le printemps, tandis que ses fruits seront récoltés à l’automne ou en hiver selon le cultivar choisi. Poirier, abricotier ou pêcher seront plantés sur le mur Sud, palissés, et bénéficieront d’une bonne exposition, tout en minimisant l’occupation de l’espace.
De nombreux arbustes se déploient le long des murs : plus la diversité floristique est grande, meilleure est la résilience du jardin. Du reste, la nature ne conçoit pas de monoculture, aussi, en permaculture nous tendons à imiter ses savoir-faire.

Chaque strate de végétation est représentée dans ce jardin : sous les arbres et les arbustes, des vivaces couvre-sols peuvent se déployer, telles des plantes compagnes, utiles tant à l’homme qu’au sol ou aux autres habitants du jardin. Les murs, blanchis à la chaux pour réverbérer la lumière, sont aussi colonisés par des grimpantes, créant un cocon de verdure. Chaque espace extérieur est cultivé : ainsi, même un petit jardin peut contenir une palette végétale très variée, qui offre un plaisir inattendu.

Vers le fond du jardin – Garden_Lab#07
Garden_Lab#07

Voici le résultat de cette proposition mise en page dans Garden_Lab#07!

Vous trouverez ce mook en librairie et sur le site internet de Garden_Lab.

1 commentaire
  • Nioncel
    Répondre

    Bonjour,

    Dans mon média en ligne, je présente des initiatives de potagers- « jardins comestibles ».

    Est-ce possible de parler d’une de vos créations, dans ce domaine?

    MERCI d’avance.
    Très sincèrement,

    claire.nioncel@agri-city.info/ 0607447939

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